Un récent article dans la presse locale (Nouvelle République, 14/02/2024) intitulé « La LPO va attaquer la « bassine » d’Epannes » annonce que la LPO est sur le point d’introduire un recours en référé suspensif pour tenter d’empêcher le démarrage des travaux d’une troisième réserve de substitution.
Le GODS, comme d’autres associations naturalistes, a pris part aux échanges qui ont aboutis à ce recours mais a décidé de ne pas s’y associer.
Nous souhaitons en expliquer les raisons à nos adhérents.
La démarche des requérants est justifiée par « l’absence d’une dérogation pour la destruction d’un habitat ou d’une espèce protégée. », en l’occurrence, l’Outarde canepetière. Pourtant, l’absence d’outarde dans le périmètre concerné est reconnue à demi-mots. D’autres oiseaux de plaine sont cités comme l’Œdicnème criard ou le Busard cendré.
Est également évoquée la nécessité de protéger les éventuelles zones de restauration et de reconquête pouvant offrir à l’espèce « la possibilité d’étendre son territoire ».
Pour le GODS, la question d’une dérogation "espèces protégées " n'est pas pertinente dans le cas de la bassine d'Épannes.
En effet, nos salariés et nos bénévoles collectent des données sur l’avifaune de plaine depuis au moins 2 décennies et nous n’avons pas de données probantes indiquant la présence régulière d’espèces protégées dans cette zone ni à proximité. Dans ce cas, invoquer la protection des oiseaux de plaine comme l’Outarde canepetière, l’Œdicnème criard et le Busard cendré ne correspond pas à une réalité du terrain.
La notoriété bien établie de notre association repose depuis toujours sur la qualité des données sur lesquelles nous appuyons nos avis. C’est pour cela que nos interlocuteurs, quels qu’ils soient, nous respectent et respectent nos prises de positions. Nous ne pouvons en aucun cas nous affranchir de cette règle sous peine de perdre toute crédibilité.
Dans le cadre de la mise en œuvre des mesures agroenvironnementales et climatiques (MAEC), nous travaillons à la protection des oiseaux de plaine sur une grande partie du territoire. La qualité de nos relations avec les agriculteurs propriétaires des parcelles concernées est l’une des conditions sine qua non de succès des mesures de protection des nichées que nous mettons en place chaque année grâce à nos chargés de missions et à notre réseau de bénévoles.
On peut reprocher beaucoup de choses à l’agriculture conventionnelle mais les agriculteurs connaissent bien leur milieu. Ils peuvent donc comprendre que nous montions au créneau dans le cas de la bassine de Ste Soline, sur l’emprise de laquelle les données « outarde » sont abondantes et très solides (rappelons que le GODS s’est associé à la plainte déposée récemment contre la Coop de l’eau 79 concernant la bassine de Ste Soline). Ils ne comprendraient pas que nous fassions de même dans le cas d’Épannes et notre capacité d’action sur le terrain en souffrirait avec des conséquences négatives immédiates sur notre travail de protection des nichées et donc, sur les espèces que nous protégeons et l’ensemble de la biodiversité.
Faire de l’Outarde canepetière l’étendard de la lutte anti-bassines lorsque ce n’est pas justifié risque de vider l’argument de sa crédibilité et de le rendre inopérant quand il est légitime.
Notre position ne peut être que naturaliste parce que nous sommes une association naturaliste !
C’est précisément pour cela que, lorsque nous avons des données qui peuvent fonder un recours juridique, nous n’hésitons pas à les communiquer aux groupes militants et, notamment, dans le cas des réserves de substitution, nous nous joignons aux actions en contentieux que nous jugeons pertinentes au sein du collectif inter-associatif qui les porte.
Quant à l’argument « zones de reconquête », il est pour le moins léger dans le cas de la zone d’Epannes pour laquelle les signalements « oiseaux de plaine » au cours des dernières années paraissent largement insuffisants pour justifier une action en justice. On voit donc mal comment cette zone pourrait devenir tout d’un coup un secteur à enjeu outarde (ou œdicnème, ou busard). Réservons nos armes pour la future bassine d’Amuré dont la zone d’emprise est beaucoup plus favorable et plus proche des secteurs de relâchés d’outardes, issues de l’élevage conservatoire, effectués dans le cadre du 3ème Plan national d’actions Outarde 2020-2029.